Pour faire face aux risques d’un choc économique, la FIN demande l’affectation d’une part de la fiscalité de la plaisance
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- 15/06/2020
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La filière nautique est aujourd’hui dans l’œil du cyclone
Après deux mois d’arrêt, les 5500 entreprises de la filière nautique abordent la prochaine saison, très fragilisées. Si une reprise en demi-teinte s’amorce actuellement, elle ne doit pourtant pas occulter la réalité des risques à venir.
La crise de 2008-2009 dans tous les esprits
En 2009, le secteur nautique avait subi une baisse de 50% du chiffre d’affaires, entrainant des plans sociaux et la disparition de nombreuses entreprises. Près de 15 000 emplois (soit 25% du total) avaient été détruits. Il aura fallu plus de 10 ans à la filière nautique pour surmonter cette crise.
Sur le plan international, 75% de la production de l’industrie nautique est exportée aujourd’hui. Les marchés de l’Europe, notamment la zone méditerranéenne, et de l’Amérique du Nord vont être touchés par la récession. « De quel niveau sera-t-elle ? Nous n’en savons encore rien, mais les récentes déclarations publiques n’incitent pas à une vision optimiste. Voilà pourquoi, nous demandons des mesures ciblées pour prévenir les risques et protéger au mieux nos entreprises et nos emplois » annonce-t-on à la FIN.
L’enjeu est industriel et territorial, il faut préserver les savoir-faire et les emplois
En se hissant parmi les meilleurs mondiaux, l’industrie nautique entraine derrière elle toute une chaîne de métiers. Au-delà des grands chantiers comme Bénéteau, Jeanneau, Dufour, Fountaine Pajot, Grand Large Yachting, Lagoon, Couach, Amel, Catana …la France dispose d’un tissu de petites et moyennes entreprises nautiques dans le domaine des équipements de bateaux, de leur architecture, du design, de l’ingénierie, etc. Ensemble, ils ont réalisé un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros en 2019.
« La richesse de notre filière – et c’est un aspect souvent méconnu -, ce sont aussi tous ces métiers complémentaires qui accompagnent les leaders industriels. Toutes ces PME et TPE ont un savoir-faire unique qu’il faut protéger » indique-t-on du côté de la FIN.
13 millions de pratiquants, 4 millions de plaisanciers, plus de 450 installations portuaires, 8 500 voies d’eaux navigables, le nautisme se pratique partout en France. Des études menées par les Régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Occitanie, Sud-PACA, en collaboration avec la FIN, estiment le poids économique du secteur à 15 Mds euros de retombées directes et indirectes sur l'ensemble des territoires français, pour 150 000 emplois.
« Notre filière joue un rôle déterminant pour l’animation et la vitalité de nombreux territoires. L’économie de certains d’entre eux en est même fortement dépendante » rappelle la FIN.
La FIN appelle le gouvernement à affecter 25% de la fiscalité de la plaisance pour la filière
La fiscalité acquittée par les plaisanciers (DAFN et Permis Plaisance) est évaluée à 70 millions d’€ par an. La FIN demande au Gouvernement d’en affecter exceptionnellement 25% pour aider la filière à faire face au choc économique.
« Nous sommes conscients des efforts budgétaires déjà consentis aux autres secteurs. La filière nautique n’a pas coutume de faire appel à l’aide publique, ce n’est pas dans son ADN. Aujourd’hui, les circonstances sont exceptionnelles et c’est pourquoi nous appelons à un soutien financier public, évalué à 15 millions d’euros. Ce soutien relativement limité - moins de 0,3% du chiffre d’affaires de la filière - aurait cependant un bénéfice assurément très important, s’il s’articule à la fois autour d’une aide aux entreprises pour exposer dans les principaux salons nautiques français et internationaux, véritables places de marché de la filière, et d’un fonds pour moderniser le réseau de distribution français. Ces propositions sont sur la table du gouvernement depuis plusieurs semaines. Il y a urgence désormais à y répondre » indique la FIN.