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Petits arrangements entre marins ?

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Louer son bateau à des particuliers, sur le modèle d’Airbnb, c’est ce que proposent une dizaine de start-ups en France. Si le concept est dans l’air du temps, il cherche encore son modèle économique.

C’est un voilier de 9 mètres, bien équipé et armé pour six personnes, avec deux cabines et un lit breton à l’avant. Localisé à Saint-Mandrier-sur-Mer dans le Var, il permet de passer des vacances entre amis de manière originale pour un peu moins de 1 200 euros la semaine en haute saison. Le tout sur présentation de votre CV nautique à Daniel, son propriétaire. En passant par un loueur professionnel, affirme le site à l’origine la transaction, cette location coûterait 30 % plus cher en moyenne. C’est aussi une question de tendance.

Créé il y a environ deux ans, ce format de location de bateaux entre particuliers commence à faire des émules dans le milieu du nautisme français. Une dizaine d’acteurs en tout, proposent aux amateurs de plaisance de louer de tout à tous les prix – le choix va de la barque au yacht grand luxe. Du côté des propriétaires, ce service permettrait de diminuer les frais liés à la possession d’un bateau, a fortiori lorsque celui-ci est peu utilisé.

Le nombre de bateaux proposés par ces sites augmente, ce qui serait le signe du succès pour les promoteurs de ces plateformes.  Les demandes également progressent : « Les réservations sont en augmentation, en France, y compris en outre-mer, comme à l'étranger », commente-t-on dans ces start-ups, qui espèrent toucher une clientèle plus large que le public traditionnel de la plaisance, et ainsi « contribuer à démocratiser la plaisance en France ».

Mais pour l’heure, le risque serait que ces start-ups – faute de bénéficier d’un encadrement clair, sur un plan juridique notamment– favorisent une situation de concurrence déloyale, qui se fasse au détriment des professionnels du nautisme et, au-delà, de l’ensemble de la filière. En cause ? Les taxes liées aux activités commerciales, dont des particuliers ne s’acquittent pas, les polices d’assurance ou encore les frais d’amodiation différents entre professionnels et particuliers… Inquiets, certains professionnels montent au créneau, comme à Arcachon, où le port a rappelé en avril 2015 que « la location, la gestion ou la sous-location à titre onéreux de navires amarrés était réservée aux professionnels », menaçant d’expulser tous les particuliers louant leur bateau.

Certains estiment cependant qu’il pourrait être difficile d’arrêter ce processus. Pour Jérôme Heilikman notamment, juriste spécialisé en droit maritime et Président de l’association Legisplaisance, « le plus raisonnable pourrait être de légiférer afin d’éviter les abus… Cette activité nouvelle pourrait d’ailleurs représenter un vivier d’opportunités pour l’ensemble de la filière ». Concrètement, un positionnement suffisamment clair et différencié, réalisé en bonne intelligence avec l’offre déjà existante pourrait permettre aux deux types de commerces de cohabiter. Prix, qualité du choix et de l’équipement, sécurité, assurances en cas d’accident, mise en main du bateau, formation, et activités annexes, comme la possibilité de recourir à un skipper ou de passer une nuit à bord comme à l’hôtel… Bref, les modes de consommation évoluent, un nouveau modèle reste à imaginer.

 

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